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Théano Photiou : Nous planifions un Système national de solidarité sociale

http://www.avgi.gr/article/6230183/sxediazoume-ethniko-sustima-koinonikis-allilegguis

Théanó Photíou*

Une année au gouvernement, une bataille quotidienne contre la montre, contre l’énormité des besoins et le manque de moyens. De grandes inquiétudes et des émotions singulières. C’est de cette façon que j’ai vécu cette année. J’ai eu l’honneur de déposer au parlement le premier projet de loi pour le combat contre la crise humanitaire. Une loi emblématique, qui a mis fin au silence officiel sur la catastrophe sociale. Une bouffée d’oxygène.

La carte de solidarité, le courant électrique gratuit, la subvention de loyer ont trouvé un grand écho favorable dans la société. Ils ont déclenché un domino de sensibilisation et de participation sociales. La Compagnie d’Eau de la région de la capitale octroie de l’eau gratuitement, le Ministère de la culture accepte la carte de solidarité comme billet d’entrée aux musées et aux aires archéologiques, les banques et les opérateurs de téléphonie radient les dettes de ses titulaires, la Fédération du personnel de l’Entreprise publique d’électricité et la Banque nationale contribuent tous les jours des montants importants pour les repas scolaires. Des sociétés grecques de restauration octroient chaque jour un casse-croûte à 11.000 écoliers des écoles primaires d’Athènes.

Les repas scolaires sont pour nous un grand pari. Leur but est bien sûr de combattre la pauvreté infantile, qui à cause de la politique de l’ancien régime a grimpé pour toucher un tiers des enfants. Mais il n’y a pas que ça. Il vise également la création d’une nouvelle culture scolaire, qui inclut comme élément central la collectivité. Nous voulons qu’à la prochaine rentrée scolaire des milliers d’enfants dans tout le pays puissent disposer d’un plat chaud, qu’ils apprennent à manger ensemble la bonne cuisine grecque dont le menu est établi gratuitement par les soins de l’université agronomique.

À cet effort, qui change la vie de l’école, des milliers d’instituteurs et de parents participent avec passion, alors que l’idée que les repas soient offerts par des initiatives coopératives sociales agréées, qui à travers l’économie sociale offriront de l’emploi à des jeunes chômeurs, est en train de faire son chemin.

L’année passée, nous avons engagé le montant de 135 millions € provenant du Fonds européen d’aide aux plus démunis (FEAD) pour 2015-2016 en créant 57 coopérations sociales dans les 57 anciens départements du pays, afin qu’ils puissent se procurer et offrir des aliments frais ou conditionnés, dans la transparence et avec la participation de tous (communes, régions, Église, ONG, des réseaux informels de solidarité). Pour la première fois les fournitures avec des cahiers des charges communs établis par le Ministère sont organisées au niveau local, de façon à remonter les marchés locaux, tandis que les bénéficiaires sont aussi sélectionnés électroniquement et suivant des critères uniformes pour toute la Grèce. Le Fonds européen a approuvé notre demande persistante qu’une partie de l’argent puisse être disposée pour les repas scolaires. Par les coopérations sociales nous voulons diriger les aliments qui sont de trop et qui autrement seraient destinés à la destruction. Dans la Grèce en crise, rien n’est à jeter. Nous présenterons bientôt la carte de solidarité à la Commission européenne comme alternative au « sachet » ou aux coupons pour aliments.

Bien sûr, notre projet majeur, sur lequel nous sommes en train de travailler minutieusement, afin qu’il puisse être mis en œuvre après l’été, est la refonte globale de l’état social, un Système national de solidarité sociale, qui va remplacer le système d’assistance dédaléen et inefficace, tel qu’il a été construit, au coup par coup, avec des règles dispersées et incohérentes, depuis le temps de Frédérique[1].

Pendant cette période particulièrement difficile, nous avons planifié conjointement avec le Ministère de l’économie les programmes du Système national de protection du chômage (ESPA) 2014-2020 pour la protection sociale (structures contre la pauvreté, centres de communauté, structures pour personnes à mobilité réduite, personnes âgées et enfants). Et c’est pour la première fois que l’ESPA fait l’objet d’une planification intégrée en coordination avec toutes les Régions et dans la transparence. Puisque la pratique pendant les années précédentes était de prendre de cours par des appels à manifestation d’intérêt, de façon à ce que seuls les « initiés » soient préparés à briguer le marché public. C’est pourquoi ils n’ont rien laissé derrière, c’est aussi pourquoi également les fonds européens ne pouvaient pas être résorbés à temps.

Au cours de cette année difficile, beaucoup d’organisations et partis nous ont rendu visite de l’étranger pour se renseigner de ce que fait la Gauche dans ce domaine sensible et crucial.

Aux discussions qui s’ensuivaient – surtout après ce troisième Mémorandum – avec les camarades de partis de gauche de toute l’Europe sur ce que la Gauche peut faire dans ce cadre néolibéral asphyxiant et si elle dispose de marges pour exercer une politique de gauche, j’insistais sur le fait que nos projets sont toujours soumis à la vérification du triptyque suivant :

* faire preuve de partialité en faveur des classes les plus faibles ;

* faire participer la société et la remettre sur ses pieds ;

* remplacer le modèle idéologique néolibéral « repli sur la sphère privée – compétition – individualisation » par le triptyque « participation – solidarité sociale – collectivité ».

C’est avec la même persévérance que nous continuerons tous les jours avec des petites victoires ou des déceptions. Aujourd’hui, un an après, nous avons tant la connaissance que la capacité d’agir.

* Théanó Photíou est Ministre adjointe de l’emploi et de la solidarité sociale

[1] Reine de Grèce dans l’après-guerre.

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